Village
Le soir, on a l'impression d'un silence incommensurable. Mais c'est seulement un autre ensemble de bruits, complexes, oiseaux des marais, chouette hulotte, crapauds, insectes.
Brutalement, les grandes formes floues devant moi font entendre un soufflement de naseaux. Ensuite, chaque fois que je passerai devant eux, ils joueront à ce jeu de faire semblant d'être surpris, puis de filer comme l'air dans un bruit de tonnerre, s'enivrant du seul choc de leurs sabots sur la terre.
Je sais que c'est un jeu, car lorsqu'ils reviennent, ils passent leurs museaux au-dessus de la clôture pour mieux me voir, poussant du nez sur mon bras si je ne leur prête pas assez d'attention (nudge, le français n'a pas de mot pour ce geste si familier des chevaux et des chats).
Ainsi j'ai droit à ce spectacle hors du monde : des chevaux qui courent, crinières au vent, dans la nuit des pâturages, pour le simple et pur plaisir de vivre et de courir...
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