L\'Insoluble

La voix c'est comme un dos.
Descendre vers le sous-sol de la maison sur le plateau près de la mer où s'effeuillent les menthes, c'est comme voir un dos dressé. Ou courbe. Selon qu'il est plus ou moins tard dans la lumière. Vous êtes peut-être vous aussi ces deux pieds nus qui rejoignent furtivement la cave et se blottissent étouffés dans un coin de poussière près du piano électrique, avec un pupitre d'une maigreur extrême et la lueur intermittente d'un téléphone portable dont on a coupé la sonnerie. Mais qui comblant sa frustration de téléphone entre dans la vibration du clavier et chuinte à tous les appels.
Au bout de quelques heures qui semblent des secondes, le sous-sol dans lequel vous entendez ruisseler le filet de votre chaleur devient peu à
peu l'espace inimaginable dans lequel vous n'auriez jamais jamais voulu poser votre tragédie, même avec une lame sur le cou.
Mourir avec cette peau en nage devient une urgence. Un acte civique et raisonné. Une thérapie.

Qu'est-ce qui fait que ce dos soutenant des vertèbres soutenant deux centimètres et demi tendus en angle attachés à un support de cartilage
à la perpendiculaire de votre direction vous donnent, ainsi, à vous, pieds nus dans la poussière, une envie de dissoudre ? L'amour serait-il l'explication ? Irait-on à l'écoute par montée infatigable du désir entre deux chairs qui se durcissent en cercles ? La voix serait-elle trop appuyée sur le dos ? Le dos sur les lombaires ?
Les lombaires sur le fluide qui en aller retour fait vibrer votre ventre ?

C'est une question que je me pose.

Comme lorsqu'on demande ce qu'est la poésie et que Jacques Darras y répond que parler de poésie c'est parler de chaises.Et qu'il soit d'homme ou bien de femme ce dos est la chaise de la voix qui est la chaise de l'amour.
Et parce qu'au fond j'ai tous les droits, parce que c'est moi l'auteur,le dos sera brûlant,sera penché sur une tête, sera couronné de cheveux, sera sculpté d'un visage long, sera déchiré d'un sourire, sera d'un regard bleu.
Sera ta voix.