Tu vis ta vie de grands espaces
Je pense à nos paroles échangées près des figuiers de barbarie, et des innombrables lucioles que les fleurs bleues, sauvages, y répandent.
Paroles, c'est beaucoup dire. Comme un acteur qui serait iconique, tu sais jouer de longs silences. Mais soudain, comme un geai noir et feu dont le cri déchire le ciel, des mots décrivent ton monde, couteaux bien aiguisés, pensées irréparables, fruits de l'automne jetés à terre.
Une substantifique moëlle m'explique, cependant, ce qui est vrai, ce qui ne l'est pas.
Tu vis ta vie de grands espaces, tu me dis. Je te raconterai, je te réponds.
En vérité, ce que tu ne sais pas, c'est que sous la très large étoffe de ce qui n'a pas d'existence, je vois par toi ce qui en a. Ce corps existe dans l'univers, cette poitrine se remplit d'air, puis le rejette, cette démarche mesure la terre.
Et comme un mètre étalon, fait le récit de la justesse.