Strates.
Je regarde la terre. Et je regarde le ciel.
Car les gens font souvent une différence entre les deux. La terre. Ce qui est matériel, lourd, douloureux. Plein. Je lave le riz, les légumes. L'odeur de ce parfum d'agrume. Mon corps parfois malade, fatigué. J'entends la voix du chanteur, grave, mais aigue aussi. Mes tendinites quand je joue. J'ai froid. La pluie d'hiver sur mes cheveux mouillés par la nage.
Et le ciel. Léger, versatile. Mes doutes, ce qui est dans ma joie existe-t-il? La terreur de la guerre. L'espoir du soleil du matin. Les idées, les rêves, les hypothèses, les rangements. L'adresse d'une source.
Il y a la terre. Et il y a le ciel.
Ici on ne fait pas de séparation.
Les bandes se sont agencées, souples, l'une sur l'autre. Des arbres mauves, en dormance. Une langue taupe. Une autre couche, granuleuse, d'or fin. Des buissons comme des cheveux fauves.
La poitrine allongée des montagnes. Le ventre allongé de l'air. Les cheveux gris des nuages. .
Le plomb des brumes. Une nappe.
L'image du paysage, dans la montagne douce à la tombée du jour. Juste à l'ouest du Fleuve.