L\'Insoluble

L\'Insoluble

Sortie de terrain : Le Moulin Fisk (Crabtree, Québec)



(MERCI Véronique, Stéphane, Stormy, de m'avoir guidée et d'avoir partagé cette merveille avec moi)


De toutes les sciences de la terre dont il est obligatoire de s'imprégner si on veut évoluer dans la branche, la paléontologie, au départ, n'est pas ma préférée.
il y a une certaine sécheresse à apprendre par coeur que les céphalopodes machins sont comme ci, les métazoaires trucs sont comme ça, les arthropodes bidules encore autrement. Mais ça, c'est la théorie...

En pratique, lorsqu'on cherche le nez dans les cailloux, à Marseille, à Rustrel, dans la vallée du Var, au Moulin Fisk et tout le long de la Rivière-des-prairies, lorsqu'en somme on cherche à VOIR, là c'est autre chose.
Se débarrasser de toutes les peaux inutiles, envoyer quelques tendresses, quand même, aux écureuils et aux bourgeons actuels, mais ensuite plonger très très profond, dessous, avant, aux origines.
Déchiffrer.
Etre récompensé et heureux parce que là, à côté de ma main, c'est indiscutable, il y a la trace d'un animal. La trace qu'a laissé un animal il y a tellement tellement longtemps que de chercher même à se représenter l'intervalle fait tourner la tête.

Aujourd'hui, cela commence par la rivière.



Elle fait une sorte de coude et, selon que la neige a beaucoup fondu ou pas, la rivière Ouareau enfle et, entre les forêts des deux rives, se met à recouvrir tout le sol.
Des marnes bleues et grises forment une immense plaque horizontale ou en pente douce vers l'eau. Seules de rares et blanches intrusions de calcite apportent une autre couleur au sol.





C'est un vrai gisement. Ici des centaines, des milliers de fossiles se dessinent sur le sol. Ils sont si nombreux qu'ils deviennent la norme, on pourrait très bien venir et se baigner dans l'eau puissante sans les remarquer.

Le site date de l'ordovicien (non, promis, c'est pas une blague), c'est-à-dire il y a quatre cent cinquante millions d'années. J'aurais pu prendre mille photos, en voici seulement quelques-unes, et, même aidée des panneaux d'information, j'ai parfois du mal à être sûre de l'identification. Alors, si vous savez plus que moi, n'hésitez pas.

Des tiges d'échinodermes, probablement des sortes de crinoïdes, de la même famille que les oursins et les étoiles de mer. Ils formaient des sortes de plantes animales dont les plumets attiraient la nourriture dans la mer. Car oui, bien sûr, j'ai oublié de dire qu'ici, à l'ordovicien, c'était la mer.









Au départ, j'avais classé la photo suivante dans les échinodermes, mais en fait je crois que c'est un céphalopode, un mollusque ancêtre des calmars :






Des stromatoroïdes, sortes d'éponges pluricellulaires formant des encroûtements :









Deux gastéropodes :






enfin des coraux tabulés, magnifiques, avec inclusions de calcite blanche :













il y en a évidemment des dizaines d'autres sortes, le site est célèbre et protégé, ce qui n'empêche pas de découvrir des trous çà et là, faits dans la pierre avec burins et marteaux.






16/04/2010
0 Poster un commentaire