Scott Ross
Quand on est musicien, on croise toujours beaucoup de musiciens, parce qu'on fait plus attention aux musiciens qu'aux autres.
Beaucoup sont au-dessus de nous dans le ciel, ça forge notre modestie, et c'est très bien comme ça.
Il y a aussi les stratosphériques. Ceux-là ne construisent pas notre modestie, mais une robuste indifférence pour ce que sont nos imperfections.
La devise devient "je fais du mieux que je peux, de toutes mes forces, point final". C'est bien aussi.
Tout ça pour en venir à Scott Ross.
Trois ans après sa mort, j'ai fait un long rêve où celui-ci me faisait travailler le prélude et l'allemande de la troisième suite de D'Anglebert, mon compositeur français baroque préféré après Louis Couperin. Un cours exigeant, austère, dans la lignée des séances de dur travail que j'avais eues avec lui.
Pourtant avec Scott Ross je n'avais jamais rien travaillé d'autre que du Rameau et du Bach.
Je me suis réveillée troublée, en me disant que, soit j'étais bonne pour l'asile, soit il y avait encore des choses dans mon cerveau, ou dans l'âme, ou dans l'univers que je ne comprenais pas.
Depuis, le prélude de la troisième suite est resté fixé dans ma mémoire, c'est encore ce qui me vient naturellement
quand je rencontre un clavier que je ne connais pas.
Ici Scott Ross dans une sonate de Scarlatti :
https://www.youtube.com/watch?v=V5ArXmga8zQ