pareis que sian rintra
Nous sommes électroniquement rentrés depuis longtemps. Le flot des courriels qui avait tari un peu au mois d'août, traditionnellement inexistant pour les français, a repris graduellement depuis le 16, pour atteindre cette période légèrement hystérique de ces jours-ci où les profs semblent dissimuler leur stress de reprendre derrière un flot de paroles inutiles. Inutiles, parce qu'on sait bien que vendredi, lorsqu'on aura tout obtenu, des nominations de stagiaires aux établissements d'accueil, du nombre de groupes au nombre d'étudiants inscrits, des BO qui viennent de sortir aux dernières réformes, eh bien, il faudra de toute façon tout changer. Se mouler, s'adapter, se refondre, innover, refaire les emplois du temps etc…. etc. etc.…
Mais le pire, je trouve, ce sont les collègues qui, n'aimant pas l'électronique communication, vous téléphonent en pleine discussion paisible du matin, ou le travail de votre vibrato qui en ce moment, est un peu raide.
J'écoute la voix pénétrer dans mon espace. Autant les voix sont de magnifiques univers pour moi, d'habitude, autant celle-ci paraît vouloir casser, déchirer, détruire et manipuler. Ce n'est pas très grave, ces choses-là arrivent par millier dans mon année, mais ici c'est la première après un moment long de paix, et ses caractéristiques me paraissent d'autant plus violentes et claires. Je souris beaucoup lorsque je décortique ce que cette voix s'est donné comme but ce matin. Six heures sont à assurer, les responsables de filière me les avaient attribuées, ma collègue avait prévu comme moi que nous partagerions, mais ce qu'elle est en train de me dire, là, c'est qu'elle va tout simplement me les prendre toutes. Je propose de partager six en deux, bêtement. Ah mais non, trois phrases alambiquées plus loin, je comprends qu'il ne s'agit pas de partage, mais de kidnapping. C'est elle qui fera les six heures. Bien mieux, elle me charge (je ris de nouveau) de prévenir les filières que cela sera ainsi. Naturellement, je ne vais pas fonctionner au tempo de cette voix aigrie, agressive, faussement chaleureuse, mais j'ai un instant de découragement. Voilà qu'il va falloir de nouveau être projetée dans une attitude de combat qui n'est jamais la mienne.
Nous sommes rentrés….