L\'Insoluble

L\'Insoluble

Le soir

Oh oui la lumière est étincelante, et tout ça.

Oh oui les membres se souviennent avoir été puissants et longs, ils aiment les jours, les matins dans le froid, les midis dans la terre, les yeux, les plantes, les arbres, les maisons, les envolées du vent, l'escalier vers la mer.

Ils aiment les livres, les sonates, les pianos, les caractères, les araignées, les chats, les goélands.

Ils aiment la douleur des actions parce que c'est le réel, et le réel parce que c'est la source.

Mais le soir.

Le soir, oh le soir, c'est différent.

Le soir, je m'approche d'un autre corps, d'une autre odeur. D'écorce, l'odeur.

D'argiles de pensée, pesantes, lourdes, si difficiles à toucher. Si intimement liées à mes failles, autant qu'aux autres failles ou aux bassins versants. Autant qu'un autre corps serait posé contre le mien, subitement, pour respirer.

Et là jusqu'au sang je me heurte. A des univers de vérifications. A des Kafkas de chiffres et d'écritures, à des populations de mécanismes.

A des dessins infinis de polarités.

Et c'est plus fort que moi, je plonge dans la glaise, je creuse sous la terre.

Parce que jamais encore, jamais, je n'ai ainsi touché une pensée.

Jamais je n'ai ainsi frôlé sa pure trame.

 



13/12/2021
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