La route selon J
j'écoute la ville où tout s'éteint
tout est polytonalité
mais ici mon travail est complexe
tes feuilles vertes entre des grilles bleues, ténues, de branches
(à mon grand étonnement)
parlent plus fort
que tous les sons de sa chapelle
et sur l'automne
posent leurs rails
je sais où aller maintenant
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je suis la feuille
tu es la terre
il est l'eau qui dévale
et si précieuse
que plusieurs vies ne pourraient pas
payer le prix de son passage
en haut du port
le port
où des troupeaux de mers
dans le vent
s'écharpent
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L'automne marche, un peu trop chaud, ses plantes épanouies. L'ivoire devient la norme, la pluie la rivière, le vent un don du ciel. Dès le matin mes inquiétudes du monde se dissolvent, un instant, pour revenir plus tard. Dans la nuit, alors que les premiers oiseaux s'ébrouent, avec les renards, je reconstruis patiemment ma joie.
Maintenant, d'ailleurs, nous sommes tous venus ici, une couche de marne puis de calcaire s'étale, penchée, vers la source. Nous sommes presque tous venus. Nous peaufinons le rituel.
Il sera gravé sur les papiers qu'on jette mais qui reviennent ensuite, ensoleillés, dans les rêves.
Parce que je serai dans ses rêves. J'y vivrai bien, à l'entour de la source.
Une ombre brune passera, haute, puissante, et ses insondables paroles viendront enchanter les longues herbes du jour levant. Elle aura un rire soudain, une ride profonde plantée au front. Des défauts d'ombre, quoi. Elle refera le passage des pierres, et le reconstruira.
Parce qu'une route cassée, ça se refait avec les mains, avec le dos, ça se répare.
Et c'est exactement ce qu'elle fait.
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Maintenant l'univers se déchire. C'est moins une déchirure externe qu'un, encore, éclatement (on joue pourtant à sang réel, à mort réelle).
Mais l'éclatement, ici, demande un autre pas sur ce qui compte. Et ce qui compte c'est ce sous-ensemble très pauvre, microscopique, de quelques flux d'énergie.
Emprunter donc la manière des chevriers, être le centre, avec son chien.
Avoir en soi la carte des collines.
Ne plus transporter de boussole, l'avoir jetée à la poubelle, trouver que l'intérieur aussi est magnétique.
Que je suis la route, pour les flux d'énergie me visitant.
Je suis la route selon J.
Je suis la vie de vos paroles.
Je suis le lien entre la feuille et l'arbre.
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j'ai recherché son aube, qui me réchauffe et qui m'étreint
voici que je la voyais seulement toute grise
inhabitée fantasmatique
mais soudain
soudain
de l'autre côté du monde ce qu'il étreint est si réel
c'est une peinture tellement réelle
traçant les chemins des vallées
et les trains des montagnes
que même les plus chaleureuses de tes lampes
ne peuvent que clignoter faiblement
ne trouvant rien de pur
parce que m'étreint son aube
me réchauffant