La plage de reflets verts
nous serons enfin proches et il n'y aura plus de séparation
mes haillons de poussière auront comme une peine juste
et puis tu me joueras tous tes chants de racines
où les feuillages tombent comme des êtres morts
de sombres étendages au fond des rues
une sorte d’Afrique sur les marches
un air sinueux qui s’écoule me rappellera des vieux amis de pierre
éparpillés dans le jeu des fontaines
et je ne pourrai que longuement pleurer
de ces catégories étonnantes de larmes qui ne sont pas tristes
car nous serons enfin proches et il n’y aura plus de séparation
plus de séismes enfouis
de déchirures
et à chaque seconde battante vers laquelle je tournerai mes mains
il n’y aura plus sous le mauve effrangé de l’abîme
qu’une grande plage de reflets verts sur laquelle notre maison sera faite
et nous n’aurons alors qu’à y porter nos meubles
comme deux voyageurs qui ont marché leur vie