La photo
Un pianiste de jazz m'écrit tantôt et dit : "Quand tu es bloquée, travaille latéralement."
Je lui dis : "Comment tu sais que je suis bloquée, toi?"
Il dit : "Ben, tout le monde est de même, l'été."
Travailler latéralement c'est, au lieu d'avancer en technique un bout de chemin, ou en composition sublime (longitudinalement), on fait des petits trucs qu'on maîtrise un peu, et on en fait beaucoup, le plus
possible.
Et tant pis si on est mauvais, ça creuse dans la profondeur.
Quatre accords seulement, ou trois, ou moins, une petite ligne d'accompagnement, un petit texte par là-dessus,
ou pas si on veut pas chanter, seulement improviser, et pouf.
(Ouais, la voix ça sort pas, j'ai une crève, mais
on s'en fout c'est juste pour tester.)
Donc le truc d'aujourd'hui, c'est sur une photo.
sur la photo y a un visage
que j'ai souvent dessiné
dans ma maison par temps d'orage
dans les heures du plein été
l'été rempli de solitude les années où les dieux se fâchent
ont de noires sollicitudes et des réflexes de sauvages
oui c'est bien toi, toi
cet ami que j'ai sur terre ancré aux dimensions paires
de ma confiance et de mes peurs
le profil droit la ligne claire
tu es surpris dans ton chemin
tu as l'air un peu trop sévère
du musicien qui va son destin
le destin t'a pas raté non plus y a pas que moi de broyée
pas que moi de blessée pas que ma vulnérabilité
il y a aussi toi, toi
cet ami que j'ai sur terre ancré aux dimensions paires
de mon désir de mes détours
toi, toi
seul ami que j'ai sur terre ancré aux dimensions paires
de nos vies et de nos amours