La forêt norvégienne
Comme beaucoup de chansons, et en particulier celles des Beatles, simples, émouvantes, "Norwegian wood" semble attirer à elle un faisceau d'événements et d'émotions venus de tous les temps et de tous les espaces.
Comme si l'enveloppe des émotions, enroulée autour du monde, avait certains plis, des endroits clefs, où se versaient en creux les phénomènes signifiants.
Cet oiseau s'est envolé, qui chantait dans la nuit ce matin.
Un train passe dans les steppes de Mongolie. C'est dans un livre de David Mitchell. Ce n'est pas vrai mais cela pourrait être. Quand le train passe dans la neige, je pense toujours à cette chanson, à la voix et au sitar de John Lennon. I, VII (V) I.
J'ai dans ma main "Noruwei no mori" (la forêt norvégienne), ce livre culte. Notre ballade de l'impossible.
Il pleut et un homme à la voix rauque et basse, inimitable, parle. Il vient de remarquer le livre de Murakami et dit "oh, c'est une édition originale, c'est tellement difficile à trouver, même au Japon, est-il à vendre?". Il dit cela tout en réparant la moto, ses mains sont sales. Il est grand, son visage est comme éclairé d'un orage.
Un immense chat des forêts norvégiennes, blanc, gris et bleu s'avance lentement dans la prairie, tendu mais pas en chasse, seulement aux aguets.
Un oiseau de proie est au-dessus de lui. Mais cet oiseau finalement s'envole.
Et j'écoute les paroles et le sitar.
Un jour, il a eu une amie, ou le contraire? J'ai eu un ami qui était lui.
https://www.youtube.com/watch?v=B_RQv7OMJFI