L'automne marche
L'automne marche, un peu trop chaud, ses plantes épanouies. L'ivoire devient la norme, la pluie la rivière, le vent un don du ciel. Dès le matin mes inquiétudes du monde se dissolvent, un instant, pour revenir plus tard. Dans la nuit, alors queles premiers oiseaux s'ébrouent, avec les renards, je reconstruis patiemment ma joie.
Maintenant, d'ailleurs, nous sommes tous venus ici, alors qu'une couche de marne puis de calcaire s'étale, penchée, vers la source. Nous sommes presque tous venus. Nous peaufinons le rituel.
Il sera gravé sur les papiers qu'on jette mais qui reviennent ensuite, ensoleillés, dans les rêves.
Parce que je serai dans ses rêves. J'y vivrai bien, à l'entour de la source.
Une ombre brune passera, haute, puissante, et ses insondables paroles viendront enchanter les longues herbes du jour levant. Elle aura un rire soudain, une ride profonde plantée au front. Des défauts d'ombre, quoi. Elle refera le passage des pierres, et le reconstruira.
Parce qu'une route cassée, ça se refait avec les mains, avec le dos, ça se répare.
Et c'est exactement ce qu'elle fait.