L\'Insoluble

L\'Insoluble

Jane et Jane

après journée pleine, après partage de travail d'angoisse de chants et de danses, l'ambiance feutrée de la médiathèque, Jane Eyre vient mettre son nez juste devant moi
ce n'est pas la première fois, c'est même la troisième: samedi une toute petite bonne femme l'avait laissée tomber et n'arrivait pas à ramasser le livre, il y a deux semaines il traînait ostensiblement sur un fauteuil, à côté de moi.
d'accord, je me rends, je le prends...mais il est quand même incroyable de penser qu'en ce moment, ma toute préférée des soeurs Brontë puisse avoir quelque chose à me dire? sa puissance, sa poésie profonde, le flot en complète furie des passions, le temps désemparé, presque écartelé, quelque chose à me dire à moi en ce moment? mon précieux moment de presque concentration contemplation unité vibration création?
Charlotte qui parle de Jane Austen, l'autre immense monument de l'époque avec sa soeur Emily, dans des termes de totale incompréhension. Elle ne comprend absolument pas comment on peut décrire ainsi le monde: structuré de manière égale, intelligent et précis, au second (troisième quatrième)degré, un monde où on rit beaucoup
oui bon c'est vrai on ne rit pas beaucoup avec Charlotte Brontë, c'est vrai, l'amour la passion la rage les tempêtes ont avec elle une certaine couleur d'absolu premier degré...comment ces deux femmes si opposées, Jane l'auteur et Jane le personnage peuvent, pour moi, représenter le duo parfait du XIXème? et comment peuvent-elles ainsi s'exclure, toutes les deux, de cette manière?
et pourquoi ai-je eu besoin de la première si souvent ces dernières années, et que maintenant, contre toute logique, j'ai besoin de la seconde?


08/01/2007
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