Ile Eniger
Les marches rouges
Quand je dis, les marches rouges de la maison rouge, toi tu penses à l'escalier, moi je pense au rouge.
Le rouge des fronts, des fins de jour, des bilans, des galops brisés. Le rouge du rideau sur la salle. Le rouge, gorge fragile. Le rouge torche des forêts. Le rouge gifle et celui des yeux seuls. Le rouge déteint des souvenirs. Le rouge laid des vieilles, le rouge cru des filles. Le rouge des erreurs, de toutes les terreurs, de toutes les douleurs. Le rouge cri, le rouge fleur, le rouge oiseau, le rouge amant. Et le rouge qui bat, au centre. Mais, quand je dis les marches rouges de la maison rouge, je pense aussi à l'escalier, à cause des roses, violentes.
Ile Eniger - (Il n'y aura pas d'hiver sans tango mon amour, Editions Chemins de Plume)