Projection, tectonique...
En tectonique, cassante ou ductile, on projette à tout va, failles, plis, stries de mouvement. Je me rends vite compte que l'abaque de projection est un moyen sublime de recentrage des observations de terrain et de réflexion sur celles-ci. Si, au départ, faute de vision 3D, je ne comprends rien, mais rien (vous ne m'avez jamais vue faire un créneau à gauche avec ma voiture), mon obstination naturelle liée à une sorte d'impression de jouer à des Lego fabuleux me fait finalement comprendre le pourquoi du comment.
Je me dis que je vais avoir besoin de quinze ans, à peu près, pour acquérir aussi les connaissances qui me permettront de relier mon abaque à mes mesures de la terre. Et en faire un véritable OUTIL. Mais ce n'est pas grave, il va bien me falloir quinze ans aussi pour improviser au clavier et reprendre mon violoncelle pour en sortir quelques sons corrects.
Donc bon.
C'est un géophysicien de très haut niveau qui assure ce cours, je souris au souvenir qu'une simple inscription à la fac ait fait que mon chemin le croise, je suis loin de mériter son enseignement. Je lui propose de faire un tutorat pour ceux de l'année qui me précède, et qui n'ont pas compris grand-chose à cette technique. Très gratifiant : la promo d'après moi est amicale et intelligente, cela me donne envie d'être avec eux l'an prochain. Puis je me dis que je n'aurai sûrement pas le choix parce que je ne validerai pas mon année :-).
Message que je pourrais lui envoyer : « Tu sais quoi ? Quelques L2 égarés m'envoient maintenant des SOS pour résoudre des problèmes de failles, de pitch et d'orientation, et plus seulement de la projection. Je t'interdis de rire. »
Ma vie est comme cette ligne qui plonge, à cent degrés au-delà du nord : elle a un pendage apparent, et il me faut constamment calculer son pitch.
Mais avant tout, elle est sur une faille.