L\'Insoluble

L\'Insoluble

La rivière noire d'Amos Lee

 

 

Ah, c'est tellement un immense bonheur de croiser l'un des innombrables qui, avec courage et opiniâtreté, continuent à dérouler le tapis des musiques de l'homme.

Surtout quand on les croise par hasard.

Là, c'est au milieu d'une séance de boulot-serpillière, comme je les appelle, c'est-à-dire un moment où il faut absolument avoir une idée un peu claire de ce qui va faire la trame des cours des prochains mois. Et au milieu de tout ça, ben il faut trier les mp3, donc les réécouter, ou les écouter pour les très nombreux que j'ai téléchargés, ou qui m'ont été envoyés par amis, famille, étudiants et que je n'ai pas encore eu le temps d'écouter. Donc par pur hasard, j'ouvre un mp3 de Patrick, et commence mon beau chemin.


Black River

 

 

Je commence par me dire que je dois être vraiment très vieille, car l'ami Amos Lee est né cette année-là, particulière, où j'ai mis les pieds sur l'île de Mull, en pleine neige, et où nous racontions des histoires à faire peur au milieu des moutons et des phoques, la nuit (ce qui ne veut rien dire en Ecosse au début du printemps, car la nuit est là tout le temps).

Un tit jeune, quoi. Il va falloir que je m'y fasse, à ce que des gens très bien et très développés aient quelques vingt ou trente ans de moins que moi, voir Monsieur l'Astrophysicien (au fait, j'ai réussi brillamment mon module de planéto et non, je ne me suis pas évanouie à la vue des calculs à faire).

Ensuite, la rivière noire, cela dit plein de choses. Quel magnifique negro spiritual, même s'il parle aussi d'alcool. Passer la rivière Jourdain avec si peu de notes, si peu d'accords, si peu de mots, mais avec tant d'intensité et de simplicité,  c'en est à pleurer, je trouve.

Et me voilà sautant sur mon violoncelle pour tenter de retrouver cette manière de creuser (sans tendinite)

Simplicité, voilà c'est le mot-clef pour moi.

Au début, Amos Lee crée plutôt des chansons auto-biographiques, par exemple keep it loose, où il met en scène le familier des souffrances, quand on rencontre et que ça ne marche pas comme on voudrait parce que investissement, négligence patin coufin. Et encore une fois, et cette fois sans le secours du cadre grandiose de la chanson de travaux noire américaine, encore une fois la description lumineuse et simple de l'intimité, dans sa vérité.

 

Keep it loose keep it tight


Ma préférée pour la fin.

Je ne l'ai pas dit mais j'ai finalement commandé le premier album, avec black river dessus (j'aime bien avoir le vrai de vrai CD quand c'est vraiment important). Or, ma préférée n'est pas sur cet album, mais sur le troisième et j'aime beaucoup savoir qu'il y a encore dans l' 'avenir' d'autres albums avec d'autres chansons encore mieux que celles que je vais écouter cet été dans mon antre plein de cailloux, de terre profonde et de cordes à vibrer.

Truth, elle est géniale. Pourtant il ne se passe pas grand-chose, quelques accords très classiques en folk, une histoire encore plus classique et simplissime. Pourtant Lee a des accents de Dylan et de très grand conteur là-dedans, et l'incroyable sobriété du swing, par contraste, fait ressortir une sorte de pureté. Comme si son instinct lui faisait peindre la couleur de la vérité encore plus clairement que n'importe quelle parole.


Truth


 

 



25/06/2010
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